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01.

Aperçu

Une photo en noir et blanc d’une femme, Sonja Henie, qui patine dans un aréna extérieur, les bras tendus devant elle et la jambe gauche allongée et pliée au genou. Elle porte une robe de patinage artistique au genou. On voit au loin des arbres et des montagnes enneigées.

Sonja Henie exécutant une spirale, photo par Foto Blau. Dans « Schönheit des Eislaufs », de Manfred Curry, Berlin : Paul Franke Verlag, 1934.

Vue de profil du patin en cuir argenté de Henie, en excellent état.

Le patin en cuir argenté de Sonja Henie, probablement porté après sa carrière compétitive. Collection du Musée Bata de la chaussure, P10.9

Cette époque marque les véritables débuts du patinage artistique. Bien que le Canada se soit joint à l’Union internationale de patinage en 1894, les patineurs britanniques et européens dominaient toujours les Championnats du monde et les Jeux olympiques. Pourquoi? C’est une question de géographie! Il n’était pas facile de voyager outre-mer – les patineurs devaient prendre le bateau, le train et l’autobus pour se rendre aux compétitions internationales. 

Une page en noir et blanc d’un programme montrant trois patineuses et deux patineurs dans diverses poses, de gauche à droite, de haut en bas, « Mlle Cecil Eustace Smith, Mlle Maude Eustace Smith, Mlle Constance Wilson, Jack Eastwood, Montgomery Wilson ».

Page montrant les cinq membres du Club de patinage de Toronto représentant le Canada aux Jeux olympiques de 1928 à Saint-Moritz. Programme du 21e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1928. Photos par Alexandra Studios. Gracieuseté de Yvonne Butorac

À cette époque, les compétitions internationales commençaient à peine à se dérouler sur les glaces nord-américaines. Le Canada a été l’hôte des Championnats du monde de 1932 à Montréal. La même année, les États-Unis étaient les hôtes des Jeux olympiques à Lake Placid, dans l’État de New York. 

Les années 1920 représentent une période de changement et de libération, même pour le patinage. La mode sur la glace a changé en fonction de l’époque. Les femmes ont troqué leurs robes édouardiennes contraignantes pour des jupes plus courtes et plus fluides. Les hommes ont commencé à porter leurs vestons et cravates de soirée avec des pantalons plus courts coupés au niveau du genou ou avec des collants de laine foncés. 

Photo en noir et blanc d’Eleanor O’Meara et Ralph McCreath, couple de patineurs artistiques, patinant vers les spectateurs. Le couple patine vers l’avant, côte à côte, les épaules serrées l’une contre l’autre et se tenant par la main, la jambe gauche étendue derrière eux, le genou légèrement plié.

Eleanor O’Meara et Ralph McCreath patinent au 34e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1941. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Le design des bottes et des lames a également changé. Les femmes ont commencé à porter des bottes de cuir blanc très brillant pour souligner leurs costumes colorés. 

Le patinage de compétition a atteint un nouveau plateau lorsque les patineurs canadiens ont remporté leurs premières médailles au niveau international.

Une couverture de programme tricolore avec une illustration représentant une femme portant un costume muni de volants au cou et à la taille, patinant vers le spectateur. Les bras et la jambe gauche sont étendus en spirale. Le texte indique « 21st Carnival of the Toronto Skating Club 1928, Price 15c » (21e carnaval du Club de patinage de Toronto, prix : 15 cents).

Couverture de programme, 21e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1928. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Les foules accouraient pour assister aux carnavals de patinage éblouissants du Club de patinage de Toronto. Des tournées de spectacles professionnels sur glace tels les Ice Follies, les Ice Capades et Holiday on Ice ont vu le jour vers la fin des années 1930. Leur extravagance a épaté les spectateurs partout en Amérique du Nord et en Europe.

Photo en noir et blanc de dix patineuses en tutu dans diverses poses; plusieurs sont debout sur leurs dents de patins, les bras au-dessus de la tête, dans des poses de ballet. Le groupe se trouve sur une patinoire intérieure avec de grandes fenêtres.

Corps de ballet en répétition pour le carnaval du Club de patinage de Toronto de 1930. Archives de la Ville de Toronto, fonds Globe and Mail, fonds 1266, pièce 48601

02.

Bottes et lames

Les Canadiens fabriquent à la fois des patins faits sur mesure et des patins produits en série

L’entreprise québécoise de bottes Daoust Lalonde a commencé à fabriquer des bottes pour le patinage à la fin des années 1800 et elle vendait des ensembles de bottes et lames dès la fin des années 1930. 

La compagnie Starr Manufacturing, créatrice de la lame de patin à ressort Acme (Acme Spring Skate) en 1863, a fermé ses portes en 1939.

Une paire de patins en cuir noir avec des lacets blancs allant des orteils à la cheville. Les lames ont très peu de courbure (ou berceau). Il n’y a pas de dents de patin.

Patins de loisir d’Anne Douglas de marque CCM, vers les années 1920. Gracieuseté de Charlene Jordan

Photo en noir et blanc d'une femme portant une tuque, un gros chandail et une jupe écossaise à mi-mollet, patinant sur un étang gelé.

Anne Douglas s’adonnant au patinage de loisir en plein air, près de Red Rock, Ontario, vers 1926. Gracieuseté de Charlene Jordan

Plusieurs artisans canadiens ont rapidement comblé le vide. Le fabricant de chaussures sur mesure George Tackaberry (1874-1937), un Canadien, a développé une nouvelle botte de hockey en 1905 à l’aide de cuir de kangourou plutôt que d’utiliser le cuir de vache traditionnel. La botte « Tack » est devenue si populaire que la compagnie d’équipement de hockey CCM a acquis le brevet en 1937 pour commencer à la produire en série. 

Dans son livre Canada Cycle and Motor: The CCM Story (Canada Cycle and Motor : L’histoire de CCM), l’auteur John A. McKenty relate la popularité du patin CCM. Le champion de patinage artistique Montgomery (Bud) Wilson a fait la promotion de cette marque. La grande patineuse artistique norvégienne Sonja Henie a commandé 80 paires de patins CCM pour son spectacle itinérant Hollywood Ice Revue.

D’autres compagnies canadiennes ont également connu le succès. La compagnie Harold A. Wilson Limited, de Toronto, faisait la promotion de ses bottes, accessoires et lames de patinage artistique dans un catalogue de ventes par correspondance. Harold A. Wilson vendait des lames produites par CCM et Starr Manufacturing. Le magasin Eaton annonçait aussi les patins dans ses catalogues. 

Un message publicitaire en noir et blanc avec une illustration représentant des patins de patinage artistique blancs à lacets. Le texte comprend : « Partout où il y a l’éclair des lames, vous trouverez probablement ces réputées bottes de patinage anglaises blanches en daim! Ce sont les préférées des patineurs artistiques en raison notamment de caractéristiques comme des cuirs et des doublures de qualité supérieure - les garants et les crochets solidement fixés – le bout demi-ferme - les languettes doublées de caoutchouc absorbant “Sorbo” - le soutien renforcé de la voûte plantaire - les coussinets brevetés “Saga” qui protègent les tendons d'Achille - les coussinets métatarsiens pour le confort de la partie avant du pied ! Prix de la paire : 13,50 $. Choisissez vos bottes de patinage artistique chez Eaton, parmi cinq lignes de bottes blanches, dont trois anglaises! »

« Bottes de patinage artistique de Grande-Bretagne », publicité des grands magasins Eaton, 1941, montrant des bottes en daim blanches avec des lames attachées. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Fait marquant

Pourquoi les femmes ont-elles dû attendre jusque dans les années 1920 pour être autorisées à faire des sauts en patinage artistique?

Fait marquant

Pourquoi les femmes ont-elles dû attendre jusque dans les années 1920 pour être autorisées à faire des sauts en patinage artistique?

Jusque dans les années 1920, le patinage était un sport dominé par les hommes et, avant la Première Guerre mondiale, la société exigeait des femmes qu’elles portent de longues jupes, ce qui faisait en sorte qu’il était extrêmement difficile d’effectuer des sauts. 

L’évolution du design de la botte et de la lame

Vue de profil d’une botte en cuir noir avec des lacets brun foncé et une lame argentée fixée à la semelle de la chaussure (avec des vis invisibles).

Patins noirs pour femmes de marque allemande Euchs. La semelle porte la mention « Wasserdicht », indiquant que la chaussure est imperméable. La lame a un bout allongé muni de dents qui était populaire à l’époque, vers 1930-1939. Collection du Musée Bata de la chaussure, S86.162

Dans son ouvrage intitulé Primer of Figure Skating (Rudiments du patinage artistique), Maribel Vinson Owen décrit les bottes de patinage des années 1930 de cette façon : 

« Une botte de patinage artistique est beaucoup plus haute et offre beaucoup plus de soutien qu’une botte de hockey ordinaire. La botte des hommes mesure environ neuf pouces de haut et celle des femmes, huit pouces de haut. Elle doit être bien ajustée au pied, de telle sorte que le talon ne puisse pas du tout glisser vers le haut ou le bas, même lorsque la botte n’est pas lacée très serrée. Elle doit également être aussi serrée du cou-de-pied jusqu’à l’arrière de la jointure du gros orteil. Il ne devrait y avoir aucun pli entre le cou-de-pied et le talon ou sur la cheville et, encore plus important, on devrait laisser un espace de un pouce à un pouce et demi entre les lacets situés sur le cou-de-pied, même lorsque la botte est entièrement lacée. »

Faites défiler l’écran ici pour visionner des patins du début des années 1900 faisant partie de la collection du Musée Bata de la chaussure :

La gamme de couleurs des bottes a commencé à être plus variée pendant les années 1930. Les bottes blanches ont remplacé les bottes brunes, noires et brun clair. Maribel Vinson Owen remarque que les femmes en particulier choisissent des bottes blanches, car « cette couleur est celle qui se porte le mieux avec une variété de costumes colorés, lesquels peuvent être blancs, pastel, ou d’une couleur éclatante ». 

Les meilleurs patineurs canadiens portaient souvent des bottes et des lames provenant de fabricants américains, britanniques et européens.

Paire de patins argentés avec un lacet de couleur blanc cassé sur le devant, des semelles en cuir noir et des lames avec dents.

Les patins en cuir argenté de Sonja Henie, confectionnés sur mesure par la compagnie Stanzione de New York. Les lames sont fabriquées par la compagnie Strauss de Saint Paul, Minnesota. Collection du Musée Bata de la chaussure, P10.9

Vue détaillée de la partie avant de la lame du patin de Sonja, en acier chromé.

Un gros plan de la lame montrant la marque « Strauss ». Le nom « SONJA » est gravé sur la lame au niveau du talon. Collection du Musée Bata de la chaussure, P10.9

Le fabricant de chaussures italo-américain Gustavo Stanzione a commencé à fabriquer des bottes de patinage sur mesure en 1905. L’artisan et ouvrier métallurgiste américain John Strauss, spécialisé dans la fabrication de lames de patins, produisait toujours sa célèbre lame dans les années 1900. Le choix des meilleurs athlètes du sport s’arrêtait souvent sur une botte Stanzione garnie d’une lame Strauss. 

03.

Mouvement

Évolution des styles de patinage

Photo en noir et blanc de McCreath sur la glace, patinant vers la gauche avec le haut du corps penché vers l’avant, le bras gauche plié vers l'avant et la jambe gauche étendue vers l’arrière, légèrement pliée au niveau du genou. Il porte un blazer ceinturé, une chemise à col et une cravate, ainsi que des collants en tricot noir.

Ralph McCreath montrant « l’esthétique du genou plié », vers le milieu des années 1940. © Panthéon des sports canadiens

Les positions de patinage étaient encore sous leur forme la plus primitive et pourraient être décrites comme appliquant « l’esthétique des genoux pliés ». Le patinage artistique n’avait pas encore adopté les positions aux jambes allongées ni les mouvements des bras caractéristiques du ballet. 

A. Patinage individuel (simple)

Les compétitions de patinage individuel comportaient deux catégories : les figures imposées et le programme libre.

Figures imposées en patinage individuel

Un texte écrit en noir sur une page blanche avec une liste de noms comme « courbe 8, numéro 1 » et « contre-accolade, numéro 20 ».

Noms et numéros officiels de l’UIP pour les figures 1 à 27. Dans Nicholson on Figure Skating par Howard Nicholson, Londres, 1932 p. xiii.

Noms et numéros officiels de l’UIP pour les figures 28 à 41. Dans Nicholson on Figure Skating par Howard Nicholson, Londres, 1932 p. xiii.

Les patineurs devaient pratiquer et perfectionner 41 figures imposées tirées des règlements de l’Union internationale de patinage (UIP). L’Union évaluait les aptitudes des patineurs selon 12 figures, qu’elle choisissait parmi l’ensemble des 41 figures. Pouvez-vous vous imaginer devoir pratiquer autant de tracés? Cela prenait deux jours pour effectuer les 12 figures devant les juges. Les figures imposées représentaient 60% du pointage total attribué à chaque patineur.

Sonja Henie (1912-1969)

Championne du patinage artistique et l’une des premières célébrités de son sport, la norvégienne Sonja Henie attirait un auditoire considérable avec son style de patinage poétique. Henie a mis son expérience de ballet à profit pour créer des performances artistiques et élégantes. 

De toutes les patineuses artistiques, c’est Henie qui détient le plus de titres olympiques et mondiaux. Elle a remporté son premier Championnat du monde à l’âge de 14 ans seulement, première d’une série de dix victoires. Elle a ensuite remporté trois titres olympiques. Elle a été l’une des premières femmes à compléter avec succès un saut Axel, qui était à l’époque l’un des sauts les plus difficiles. Ses performances étaient si populaires que la police devait souvent contrôler les foules. 

Henie a été l’une des premières patineuses artistiques à avoir porté une jupe au-dessus du genou. Elle a également troqué la couleur de sa botte de patin pour un blanc éclatant, couleur qui est ensuite devenue la norme pour les femmes.

Image en noir et blanc de Sonja Henie qui sourit en patinant en plein air, les deux bras et la jambe droite étendus vers le haut. Les bottes de ses patins sont coupées assez haut sur la jambe, au-dessus de la cheville. Elle se trouve sur un plan d’eau gelé avec des arbres et des montagnes au loin.
Sonja Henie exécutant un mouvement de jambe. Photo par Foto Blau, dans Schönheit des Eislaufs de Manfred Curry, Berlin : Paul Franke Verlag, 1934.

Sonja Henie : Spectacles sur glace

Après sa carrière amateur, Henie a rejoint les rangs des professionnels et a également produit des spectacles de patinage. L’un de ces spectacles, le somptueux Hollywood Ice Revue, a fait salle comble au Centre Rockefeller. Elle a aussi fait du cinéma, jouant dans plus d’une douzaine de comédies musicales aux côtés d’étoiles du cinéma comme Cesar Romero, Tyrone Power et Ethel Merman. 

À titre de célébrité, Henie a fait la promotion de plusieurs produits. Elle a lancé sur le marché des patins, des vêtements et même des poupées!

Sonja Henie, vêtue d’un élégant costume de patinage, pose pour la caméra les deux bras tendus, l’un derrière la tête et l’autre en avant.
Sonja Henie dans son costume de spectacle, vers 1936. © Panthéon des sports canadiens
Fait marquant

Qui a été le premier patineur canadien à remporter une médaille aux Championnats du monde et également aux Jeux olympiques d’hiver?

Fait marquant

Qui a été le premier patineur canadien à remporter une médaille aux Championnats du monde et également aux Jeux olympiques d’hiver?

Photo en noir et blanc de Bud Wilson dans les airs pendant l’exécution d’un saut avec grand écart. Il porte un chandail en tricot ceinturé, des jodhpurs foncés, des patins noirs et des gants foncés.
Montgomery « Bud » Wilson au 25e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1933. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Montgomery (Bud) Wilson a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques d’hiver et la médaille d’argent aux Championnats du monde de 1932. Il a été le premier Canadien à mériter une médaille d’argent pour le Canada dans les compétitions masculines des Championnats du monde. 

Programme libre en patinage individuel

Les patineurs exprimaient leur personnalité en créant de nouveaux sauts et de nouvelles pirouettes qu’ils effectuaient dans leur programme libre. Les programmes étaient chorégraphiés avec de la musique et duraient cinq minutes pour les hommes et quatre minutes pour les femmes. Les patineurs les plus agiles liaient leurs mouvements les uns aux autres pour obtenir un programme plus uniforme et harmonieux. Le programme libre représentait 40% du pointage total attribué à chaque patineur.

Les patineurs masculins de niveau international

Le patineur suédois Gillis Grafström, qui était également poète, alliait son esthétique artistique à une forme athlétique puissante sur la glace. Il a perfectionné le saut Axel et a inventé la pirouette sautée assise : un mouvement difficile exigeant du patineur qu’il saute et atterrisse tout en complétant une pirouette. Au cours d’un incident assez amusant, les patins de Grafström se sont brisés alors même qu’il se trouvait sur la glace à Anvers pendant les compétitions des Jeux olympiques de 1920. Même s’il n’a pu acheter que des patins démodés pour remplacer ses patins de compétition, il s’est emparé de la victoire! 

L’attitude débonnaire de l’Autrichien Karl Schäfer sur la glace faisait de lui un athlète populaire. Il a créé la pirouette vrillée, l’une des pirouettes les plus courantes en patinage. Le patineur se déplace à reculons pour gagner de la vitesse puis entame la pirouette en prenant un pas vers l’avant. Le pied libre est ramené vers le genou de la jambe d’appui et s’abaisse lentement, accélérant ainsi la pirouette au fur et à mesure que le pied descend. Schäfer est ensuite devenu entraîneur dans son Autriche natale et a créé son propre spectacle sur glace : le Schäfer Ice Show.

Photo en noir et blanc de deux hommes en costume sombre et ajusté, cravate au cou, faisant face à la caméra sur une patinoire intérieure. Ils portent chacun un brassard blanc avec un numéro d’identification au bras gauche au niveau du coude. Leurs patins sont coupés haut sur les jambes. Les patins de Grafström sont les plus hauts, coupés juste sous le muscle du mollet.
Gillis Grafström et Karl Schäfer aux Jeux olympiques d’hiver, Lake Placid 1932. © Panthéon des sports canadiens

B. Patinage en couple

Photo en noir et blanc d’un homme et d’une femme qui patinent en faisant face au spectateur; ils se tiennent par la main en exécutant un grand aigle.

Constance Wilson-Samuel et Montgomery Wilson © Panthéon des sports canadiens

Photo en noir et blanc d’un homme et d’une femme qui posent, chacun avec une jambe étendue, se tenant la main et touchant le pied de la jambe étendue de son partenaire.

Isobel et Melville Rogers, couple gagnant d’une compétition à Ottawa, 1927. Bibliothèque et Archives Canada / PA-43676

Le patinage en couple était divisé en deux formes distinctes. Certains patineurs préféraient le patinage miroir, où deux patineurs effectuaient des mouvements en symétrie, comme s’ils étaient le miroir de l’autre. D’autres croyaient que les patineurs devaient se tenir la main ou lier leurs bras pendant toute la durée de leur programme, s’inspirant de la danse de salon. Les programmes de patinage en couple duraient cinq minutes et étaient chorégraphiés au son d’une musique. 

Les patineurs masculins de niveau international

Le patineur suédois Gillis Grafström, qui était également poète, alliait son esthétique artistique à une forme athlétique puissante sur la glace. Il a perfectionné le saut Axel et a inventé la pirouette sautée assise : un mouvement difficile exigeant du patineur qu’il saute et atterrisse tout en complétant une pirouette. Au cours d’un incident assez amusant, les patins de Grafström se sont brisés alors même qu’il se trouvait sur la glace à Anvers pendant les compétitions des Jeux olympiques de 1920. Même s’il n’a pu acheter que des patins démodés pour remplacer ses patins de compétition, il s’est emparé de la victoire! 

L’attitude débonnaire de l’Autrichien Karl Schäfer sur la glace faisait de lui un athlète populaire. Il a créé la pirouette vrillée, l’une des pirouettes les plus courantes en patinage. Le patineur se déplace à reculons pour gagner de la vitesse puis entame la pirouette en prenant un pas vers l’avant. Le pied libre est ramené vers le genou de la jambe d’appui et s’abaisse lentement, accélérant ainsi la pirouette au fur et à mesure que le pied descend. Schäfer est ensuite devenu entraîneur dans son Autriche natale et a créé son propre spectacle sur glace : le Schäfer Ice Show.

Photo en noir et blanc de deux hommes en costume sombre et ajusté, cravate au cou, faisant face à la caméra sur une patinoire intérieure. Ils portent chacun un brassard blanc avec un numéro d’identification au bras gauche au niveau du coude. Leurs patins sont coupés haut sur les jambes. Les patins de Grafström sont les plus hauts, coupés juste sous le muscle du mollet.
Gillis Grafström et Karl Schäfer aux Jeux olympiques d’hiver, Lake Placid 1932. © Panthéon des sports canadiens

Les couples de niveau international : Maxi Herber et Ernst Baier

Pendant les années 1930, Maxi Herber et Ernst Baier formaient le meilleur couple de patineurs allemands. Herber n’avait que 15 ans lorsque le couple a remporté sa première médaille olympique. Il s’agit du premier couple à avoir effectué un saut côte à côte sur la glace, utilisant la technique du patinage miroir. 

Photo en noir et blanc d’un homme soulevant une femme au-dessus de sa tête sur une patinoire extérieure. La femme est vêtue d’une jupe plissée lui arrivant aux genoux et d’un haut assorti, tandis que l’homme porte une chemise et des knickers de couleur claire. Les chaussettes de ce dernier dépassent le haut de ses patins.
Maxi Herber et Ernst Baier exécutant un porté, photo par Presse-Bild-Zentrale. Dans « Schönheit des Eislaufs » de Manfred Curry, Berlin : Paul Franke Verlag, 1934.

C. Danse sur glace

Photo en noir et blanc d’un homme et d’une femme qui sourient en patinant vers le spectateur. Le genou de la jambe qui patine est plié, et la jambe gauche est étendue vers l'arrière. La femme porte des patins blancs et l’homme, des patins noirs.

Louise Bertram et Stewart Reburn, danseurs sur glace, également champions canadiens de patinage en couple, au 27e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1935. Gracieuseté de Yvonne Butorac

De nouvelles danses apparaissaient avec chaque nouvelle saison de patinage. Pouvez-vous vous imaginer virevolter sur la glace au son d’un orchestre jouant des valses en direct? Les thés dansants et les danses sociales étaient un loisir très populaire de fin de semaine. Les éléments de danse sur glace ont rapidement fait partie des compétitions locales de patinage. Cependant, la danse sur glace n’est devenue une épreuve de compétition officielle que dans les années 1950. 

Toronto devient un centre pour l’entraînement des patineurs

Photo en noir et blanc de Lussi dans les airs après avoir exécuté un saut sur une patinoire extérieure.

Gustave Lussi, Instructeur, Club de patinage de Toronto, se produisant au 21e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1928. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Les patineurs devaient pratiquer des figures et des tracés complexes pour perfectionner leurs routines. Où s’entraînaient les patineurs artistiques? Les patinoires intérieures artificielles et les patinoires extérieures naturelles étaient des endroits populaires dans les années 1920. 

Il y avait souvent des désavantages à pratiquer dans ces endroits. Les patineurs artistiques devaient partager les installations avec des équipes de hockey et les adeptes du patinage de loisir. Même s’il existait un temps de glace réservé à chacun de ces sports, cela voulait dire qu’il n’y avait pas assez de temps pour pratiquer. 

Photo en noir et blanc d’une femme posant en patins, vêtue d’une robe de patinage à manches longues lui arrivant aux genoux. Elle se tient de profil.

Constance Wilson-Samuel, 27e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1934. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Trois complexes de patinage de Toronto ont donné aux patineurs le temps dont ils avaient besoin. Le Club de patinage de Toronto, le Granite Club et l’aréna Varsity étaient perçus par les patineurs comme des endroits idéaux pour s’entraîner. 

Photo en noir et blanc de Smith en patins vêtue du chandail d’Équipe Canada. Elle regarde en direction du spectateur. Ses patins de couleur claire sont coupés haut sur le bas de la jambe, et arrivent sous le muscle du mollet.

Cecil Eustace Smith aux Jeux olympiques d’hiver, 1928. © Patinage Canada

Le Club de patinage de Toronto a été le premier club au Canada à offrir un endroit exclusivement réservé aux patineurs artistiques. En ayant accès à ce type d’endroit pour pratiquer, les patineurs artistiques canadiens étaient maintenant en mesure d’atteindre de nouveaux sommets. 

Photo en noir et blanc d’un homme et d’une femme patinant vers le spectateur, avec chacun une jambe tendue. L’homme tient la femme et les bras de cette dernière sont étendus derrière elle.

Constance Wilson-Samuels et Bud Wilson, photo par International News Photos, New York. Dans « Schönheit des Eislaufs » de Manfred Curry, Berlin: Paul Franke Verlag, 1934.

Puisque les membres du Club pouvaient maintenant pratiquer quand ils le voulaient, de nouveaux entraîneurs ont été embauchés. Des champions canadiens comme Montgomery (Bud) Wilson, Cecil Smith et Constance Wilson-Samuel s’entraînaient avec des champions internationaux de patinage. Ils travaillaient ensemble et échangeaient leurs idées et leurs techniques. 

Le patineur suisse Gustave Lussi et Wilson ont développé un nouveau saut qu’ils appelèrent le « flip ». Le célèbre patineur autrichien Walter Arian préparait les patineurs juniors à effectuer des routines élaborées pour le carnaval annuel du club. D’autres visages familiers sur la glace étaient ceux de Walter Rittberger, né en Allemagne, et du champion tchèque Otto Gold.

Photo en noir et blanc d’un homme patinant à reculons sur le pied droit avec la jambe gauche tendue dans le sens du déplacement. Ses bras sont tendus pour maintenir son équilibre, mais à hauteur des hanches.

Werner Rittberger, instructeur principal, Club de patinage de Toronto, au 25e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1932. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Gustave Lussi a ensuite déménagé à Lake Placid, dans l’État de New York. Il y a fondé une école d’été de patinage, où les meilleurs patineurs canadiens et américains pouvaient s’entraîner toute l’année. 

Plusieurs patineurs canadiens prenaient part à des compétitions de patinage dans la catégorie dite des « quatre ». Cette catégorie existait uniquement au Canada et aux États-Unis. Dans cette catégorie, deux couples de patineurs exécutaient un programme libre au son d’une musique et de telle sorte à créer un effet miroir. Cette catégorie a cessé d’exister en 1949.

Fait marquant

Qui a été le premier patineur canadien à remporter une médaille aux Championnats du monde?

Fait marquant

Qui a été le premier patineur canadien à remporter une médaille aux Championnats du monde?

Photo en noir et blanc d’une femme souriante vêtue d’une robe noire lui arrivant aux genoux avec une bordure blanche et des patins blancs.
Cecil Eustace Smith au 25e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1932. Gracieuseté de Yvonne Butorac

La championne féminine de patinage Cecil Eustace Smith s’est classée deuxième aux Championnats du monde de 1930. Elle a ainsi remporté la première médaille du Canada dans la catégorie femme aux Championnats du monde.

04.

Costume

Émancipation au niveau des vêtements de patinage

La liberté enfin! Dans les années 1920, les femmes ont troqué leurs longues jupes édouardiennes pour des jupes plissées, colorées et plus courtes. La patineuse et entraîneure américaine Maribel Vinson Owen a partagé ses conseils généraux quant à la tenue vestimentaire des femmes sur la glace. Dans son ouvrage Primer of Figure Skating (Rudiments du patinage artistique), publié en 1938, elle écrit que « les grands chapeaux n’ont pas leur place sur la glace. Plus le bonnet ou le turban est ajusté, meilleure est l’apparence. En règle générale, les bloomers devraient être agencés à la jupe et devraient descendre de plusieurs pouces le long de la jambe. »

Photo en couleur d’une robe de patinage une pièce des années 1940 ornée d’une large bande décorative à l’encolure et munie d’une fermeture à glissière à la couture latérale. La jupe arrive à la mi-cuisse ou plus haut.

Robe de patinage en laine noire de Mary Marks, durant les 1940. © Patinage Canada (photo : Greg Kolz)

La mode a également changé chez les hommes. Pour les entraînements, les hommes portaient des pantalons plus courts appelés knickerbockers. Lors les performances, la tenue par excellence du gentleman patineur comprenait des collants noirs, des collets blancs, des cravates et des vestons. Comme l’a écrit Maribel Vinson Owen dans son livre, « pour la compétition, les collants noirs ou bleu foncé sont de rigueur ».  

Le Club de patinage de Toronto ouvre la voie aux spectacles professionnels sur glace

Place au spectacle!

Photo en noir et blanc de trois femmes vêtues de longs tutus, posant avec de grandes sphères d’argent.

« Ballet of the Silver Spheres », 27e carnaval du Club de patinage de Toronto Toronto, 1934. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Photo en noir et blanc d’une patineuse en costume posant avec une grande sphère d’argent.

Maude Smith, 27e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1934. Gracieuseté de Yvonne Butorac

À partir de 1895, les bals masqués sur patins puis les carnavals sur glace sont devenus un divertissement populaire tant chez les patineurs artistiques que chez ceux qui pratiquaient ce sport par loisir. Au cours des années 1900, les carnavals du Club de patinage de Toronto ont connu un succès retentissant auprès du public nord-américain. Les carnavals se déplaçaient de ville en ville partout sur le continent!

Un message publicitaire en noir et blanc indiquant que « Les costumes, les articles et le montage du carnaval ont été conçus et produits par la T. Eaton Co Limited ».

Message publicitaire de T. Eaton Co. dans le programme du carnaval du Club de patinage de Toronto, 1939. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Couverture de programme illustrant sur fond vert une patineuse au centre de la page, vêtue d’une robe et d’un bonnet rouges. La jupe arrive au-dessus du genou et est ornée d’une bordure de fourrure blanche.

Couverture de programme, carnaval du Club de patinage de Toronto, 1940. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Ces carnavals sont le précurseur des spectacles professionnels sur glace qui ont pris leur essor pendant les années 1930 et 1940. Le Club figurait à l’avant-garde de la conception et de la production de spectacles de patinage. Ces productions à thèmes étaient grandioses et comprenaient de gigantesques pièces de décors, des éclairages ultraviolets dramatiques, de la glace colorée et des costumes ornés de paillettes. 

Une photo en noir et blanc de cinq patineuses posant avec les bras étendus au-dessus de leur tête. Toutes sont vêtues de robes courtes assorties ressemblant à des tutus et portent des patins blancs.

« Ballet Caprice », 28e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1935. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Photo en noir et blanc de cinq patineuses costumées posant pour l'appareil photo. L’arrière-plan est éclairé par des spots et la patineuse au centre est assise sur un croissant blanc, qui pourrait être un rayon de lune.

« Corps de Ballet », 33e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1940. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Le Club de patinage de Toronto organisait son carnaval annuel à l’Arena Gardens au cœur de la ville, plutôt qu’à la patinoire du club puisque cette dernière ne comportait pas de sièges. En 1932, le carnaval s’est ensuite déplacé au Maple Leaf Gardens pour accueillir un public plus nombreux. Les billets de ces productions se vendaient en quelques jours seulement, après quoi toute autre personne voulant assister au spectacle n’avait accès qu’à des places debout.  

Affiche rose foncé, bleue et noire sur fond blanc représentant un patineur soulevant une patineuse au-dessus de sa tête à côté du mot « Kaléidoscope ».

Couverture de programme, 25e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1932. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Des patineurs célèbres étaient invités à se joindre au carnaval. Les étoiles du patinage européen Sonja Henie, Karl Schäfer, Andrée Joly et Pierre Brunet performaient aux côtés des grands du patinage canadien Montgomery (Bud) Wilson, Constance Wilson-Samuel et Cecil Eustace Smith. 

Une photo en noir et blanc de Sonja Henie sautant vers l’avant, le bras droit et la jambe gauche tendus.

Sonja Henie au 25e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1932. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Photo en noir et blanc d’un homme et d’une femme posant en patins, vêtus de costumes élégants, elle avec des pantalons à froufrous et lui une veste de velours lui arrivant aux genoux.

Andrée Joly et Pierre Brunet au 32e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1939. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Le maître de ballet Boris Volkoff, établi à Toronto, a chorégraphié 14 saisons du carnaval du Club. Il s’est chargé de l’adaptation pour la glace des ballets du Lac des Cygnes et du Prince Igor et a ensuite adapté des pièces plus expérimentales de Rachmaninov et le Boléro de Maurice Ravel. Volkoff était en fait incapable de patiner. Des récits de son époque décrivent comment il glissait sur la glace pour donner des directives aux patineurs avec un coussin attaché aux fesses au cas où il tomberait. Volkoff est le fondateur de la compagnie de ballet Boris Volkoff, première en son genre au Canada. 

De tels carnavals appuyaient des causes importantes aux yeux des Canadiens. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les retombées des carnavals contribuaient à l’effort de guerre. Le Club a également fait des dons à la Croix Rouge et est devenu le seul commanditaire des collectes de sang pendant la guerre. 

Ces spectacles se sont poursuivis après la Deuxième Guerre mondiale, jusqu’en 1956.

Fait marquant

Quel patineur a été le seul Canadien à remporter les Championnats britanniques?

Fait marquant

Quel patineur a été le seul Canadien à remporter les Championnats britanniques?

Une image en noir et blanc de Constance Wilson-Samuel dans une robe de patinage scintillante avec une jupe très ample jusqu'au genou.
Constance Wilson-Samuel, 26e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1933. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Constance Wilson-Samuel est la seule femme canadienne à avoir remporté les Championnats britanniques en 1928. À cette époque, les patineurs du Commonwealth pouvaient prendre part aux Championnats britanniques. 

05.

Musique

Des orchestres aux disques

Les gramophones à manivelle ont commencé à être utilisés pour le patinage dans les années 1920 et 1930. On installait près de la patinoire un système de son, qui comprenait un tourne-disque (connu à l’époque sous le nom de gramophone), des amplificateurs et des haut-parleurs. La musique qui en sortait avait tendance à se déformer et se distordre, en raison des conditions prévalant sur les patinoires extérieures. 

Photo en noir et blanc d’un homme, Grafström, qui s'éloigne du spectateur en patinant, la jambe gauche tendue derrière lui. Ses bras sont gracieusement écartés pour garder l’équilibre au niveau des hanches. Il porte un chapeau blanc, des knickers, des chaussettes épaisses jusqu’aux genoux et des patins foncés sur une patinoire extérieure.

Gillis Grafström, photo par E. Meerkämper, Davos. Dans « Schönheit des Eislaufs » de Manfred Curry, Berlin : Paul Franke Verlag, 1934.

En 1911, la championne du monde Lily Kronberger de Hongrie a emmené son propre orchestre militaire à une compétition à Vienne pour l’accompagner lors de son programme libre puisqu’elle croyait que la musique avait une incidence importante sur l’interprétation de son programme. Kronberger est l’une des premières patineuses à avoir innové au niveau de l’interprétation musicale. Cela prendrait des années avant que son influence ne se fasse sentir. Les autres patineurs n’ont commencé à utiliser la musique pour créer des effets dramatiques que dans les années 1940. Dans son ouvrage de référence Ice-Skating: A History (« Histoire du patinage »), paru en 1959, Nigel Brown écrit : 

« Il est étrange qu’après l’expérience de Lily Kronberger, les grands patineurs qui suivirent ne donnèrent pas à l’interprétation musicale la place importante qui lui revenait. Pendant plus de trois décennies, la musique a continué de n’être qu’à l’arrière-plan des programmes de patinage libre. »

Photo en noir et blanc d’un patineur qui sourit sautant vers l’avant, le dos arqué, les bras et les jambes légèrement étendus derrière lui. Il porte une veste de coupe étroite et une cravate ainsi que des collants noirs.

Karl Schäfer au 25e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1932. Gracieuseté de Yvonne Butorac

En effet, c’est avec un accompagnement musical en direct que les patineurs dotés de connaissances musicales arrivaient à livrer des interprétations expressives de leurs programmes de patinage libre. Par exemple, dans les années 1920 jusqu’au début des années 1930, le patineur autrichien Karl Schäfer, qui était aussi violoniste, a combiné ses habiletés musicales et athlétiques pour créer des routines poétiques. À la même époque, le patineur suédois Gillis Grafström, qui était également poète, a quant à lui intégré l’interprétation musicale et l’art du costume à son style de patinage. 

Une photo en noir et blanc de Sonja Henie portant des patins blancs dont les bottes arrivent au-dessus de la cheville et un chic costume de patinage blanc avec des manches en fourrure ou en plumes et une jupe. Elle pose sur les pointes de ses patins, les mains au-dessus de la tête dans une position de ballet.

Sonja Henie au 27e carnaval du Club de patinage de Toronto, 1934. Gracieuseté de Yvonne Butorac

Les patineurs qui possédaient une formation de ballet interprétaient leurs choix musicaux avec grâce et assurance, utilisant carres, sauts et pirouettes. En fait, la norvégienne Sonja Henie a choisi comme accompagnement musical d’une de ses routines une musique de Johann Strauss, enregistrée spécialement pour elle sur un disque 78 tours en 1932 par Jack Hylton et son orchestre sous étiquette Decca en Angleterre. D’autres patineurs, tels Maxi Herber et Ernst Baier, ont suivi l’exemple de Henie. 

Photo en plongée en noir et blanc d’un homme et d’une femme patinant vers le spectateur, la jambe gauche étendue, avec le genou plié.

Maxi Herber et Ernst Baier aux Jeux olympiques, Garmisch-Partenkirchen, 1936. © Panthéon des sports canadiens

Pendant cette période, l’interprétation musicale est devenue l’un des traits distinctifs du patinage d’interprétation.