La forme suit la fonction
1920
1945
Aperçu
Cette époque marque les véritables débuts du patinage artistique. Bien que le Canada se soit joint à l’Union internationale de patinage en 1894, les patineurs britanniques et européens dominaient toujours les Championnats du monde et les Jeux olympiques. Pourquoi? C’est une question de géographie! Il n’était pas facile de voyager outre-mer – les patineurs devaient prendre le bateau, le train et l’autobus pour se rendre aux compétitions internationales.
À cette époque, les compétitions internationales commençaient à peine à se dérouler sur les glaces nord-américaines. Le Canada a été l’hôte des Championnats du monde de 1932 à Montréal. La même année, les États-Unis étaient les hôtes des Jeux olympiques à Lake Placid, dans l’État de New York.
Les années 1920 représentent une période de changement et de libération, même pour le patinage. La mode sur la glace a changé en fonction de l’époque. Les femmes ont troqué leurs robes édouardiennes contraignantes pour des jupes plus courtes et plus fluides. Les hommes ont commencé à porter leurs vestons et cravates de soirée avec des pantalons plus courts coupés au niveau du genou ou avec des collants de laine foncés.
Le design des bottes et des lames a également changé. Les femmes ont commencé à porter des bottes de cuir blanc très brillant pour souligner leurs costumes colorés.
Le patinage de compétition a atteint un nouveau plateau lorsque les patineurs canadiens ont remporté leurs premières médailles au niveau international.
Les foules accouraient pour assister aux carnavals de patinage éblouissants du Club de patinage de Toronto. Des tournées de spectacles professionnels sur glace tels les Ice Follies, les Ice Capades et Holiday on Ice ont vu le jour vers la fin des années 1930. Leur extravagance a épaté les spectateurs partout en Amérique du Nord et en Europe.
Bottes et lames
Les Canadiens fabriquent à la fois des patins faits sur mesure et des patins produits en série
L’entreprise québécoise de bottes Daoust Lalonde a commencé à fabriquer des bottes pour le patinage à la fin des années 1800 et elle vendait des ensembles de bottes et lames dès la fin des années 1930.
La compagnie Starr Manufacturing, créatrice de la lame de patin à ressort Acme (Acme Spring Skate) en 1863, a fermé ses portes en 1939.
Plusieurs artisans canadiens ont rapidement comblé le vide. Le fabricant de chaussures sur mesure George Tackaberry (1874-1937), un Canadien, a développé une nouvelle botte de hockey en 1905 à l’aide de cuir de kangourou plutôt que d’utiliser le cuir de vache traditionnel. La botte « Tack » est devenue si populaire que la compagnie d’équipement de hockey CCM a acquis le brevet en 1937 pour commencer à la produire en série.
Dans son livre Canada Cycle and Motor: The CCM Story (Canada Cycle and Motor : L’histoire de CCM), l’auteur John A. McKenty relate la popularité du patin CCM. Le champion de patinage artistique Montgomery (Bud) Wilson a fait la promotion de cette marque. La grande patineuse artistique norvégienne Sonja Henie a commandé 80 paires de patins CCM pour son spectacle itinérant Hollywood Ice Revue.
D’autres compagnies canadiennes ont également connu le succès. La compagnie Harold A. Wilson Limited, de Toronto, faisait la promotion de ses bottes, accessoires et lames de patinage artistique dans un catalogue de ventes par correspondance. Harold A. Wilson vendait des lames produites par CCM et Starr Manufacturing. Le magasin Eaton annonçait aussi les patins dans ses catalogues.
Pourquoi les femmes ont-elles dû attendre jusque dans les années 1920 pour être autorisées à faire des sauts en patinage artistique?
Pourquoi les femmes ont-elles dû attendre jusque dans les années 1920 pour être autorisées à faire des sauts en patinage artistique?
Jusque dans les années 1920, le patinage était un sport dominé par les hommes et, avant la Première Guerre mondiale, la société exigeait des femmes qu’elles portent de longues jupes, ce qui faisait en sorte qu’il était extrêmement difficile d’effectuer des sauts.
L’évolution du design de la botte et de la lame
Dans son ouvrage intitulé Primer of Figure Skating (Rudiments du patinage artistique), Maribel Vinson Owen décrit les bottes de patinage des années 1930 de cette façon :
« Une botte de patinage artistique est beaucoup plus haute et offre beaucoup plus de soutien qu’une botte de hockey ordinaire. La botte des hommes mesure environ neuf pouces de haut et celle des femmes, huit pouces de haut. Elle doit être bien ajustée au pied, de telle sorte que le talon ne puisse pas du tout glisser vers le haut ou le bas, même lorsque la botte n’est pas lacée très serrée. Elle doit également être aussi serrée du cou-de-pied jusqu’à l’arrière de la jointure du gros orteil. Il ne devrait y avoir aucun pli entre le cou-de-pied et le talon ou sur la cheville et, encore plus important, on devrait laisser un espace de un pouce à un pouce et demi entre les lacets situés sur le cou-de-pied, même lorsque la botte est entièrement lacée. »
Faites défiler l’écran ici pour visionner des patins du début des années 1900 faisant partie de la collection du Musée Bata de la chaussure :
La gamme de couleurs des bottes a commencé à être plus variée pendant les années 1930. Les bottes blanches ont remplacé les bottes brunes, noires et brun clair. Maribel Vinson Owen remarque que les femmes en particulier choisissent des bottes blanches, car « cette couleur est celle qui se porte le mieux avec une variété de costumes colorés, lesquels peuvent être blancs, pastel, ou d’une couleur éclatante ».
Les meilleurs patineurs canadiens portaient souvent des bottes et des lames provenant de fabricants américains, britanniques et européens.
Le fabricant de chaussures italo-américain Gustavo Stanzione a commencé à fabriquer des bottes de patinage sur mesure en 1905. L’artisan et ouvrier métallurgiste américain John Strauss, spécialisé dans la fabrication de lames de patins, produisait toujours sa célèbre lame dans les années 1900. Le choix des meilleurs athlètes du sport s’arrêtait souvent sur une botte Stanzione garnie d’une lame Strauss.
Mouvement
Évolution des styles de patinage
Les positions de patinage étaient encore sous leur forme la plus primitive et pourraient être décrites comme appliquant « l’esthétique des genoux pliés ». Le patinage artistique n’avait pas encore adopté les positions aux jambes allongées ni les mouvements des bras caractéristiques du ballet.
A. Patinage individuel (simple)
Les compétitions de patinage individuel comportaient deux catégories : les figures imposées et le programme libre.
Figures imposées en patinage individuel
Les patineurs devaient pratiquer et perfectionner 41 figures imposées tirées des règlements de l’Union internationale de patinage (UIP). L’Union évaluait les aptitudes des patineurs selon 12 figures, qu’elle choisissait parmi l’ensemble des 41 figures. Pouvez-vous vous imaginer devoir pratiquer autant de tracés? Cela prenait deux jours pour effectuer les 12 figures devant les juges. Les figures imposées représentaient 60% du pointage total attribué à chaque patineur.
Sonja Henie (1912-1969)
Championne du patinage artistique et l’une des premières célébrités de son sport, la norvégienne Sonja Henie attirait un auditoire considérable avec son style de patinage poétique. Henie a mis son expérience de ballet à profit pour créer des performances artistiques et élégantes.
De toutes les patineuses artistiques, c’est Henie qui détient le plus de titres olympiques et mondiaux. Elle a remporté son premier Championnat du monde à l’âge de 14 ans seulement, première d’une série de dix victoires. Elle a ensuite remporté trois titres olympiques. Elle a été l’une des premières femmes à compléter avec succès un saut Axel, qui était à l’époque l’un des sauts les plus difficiles. Ses performances étaient si populaires que la police devait souvent contrôler les foules.
Henie a été l’une des premières patineuses artistiques à avoir porté une jupe au-dessus du genou. Elle a également troqué la couleur de sa botte de patin pour un blanc éclatant, couleur qui est ensuite devenue la norme pour les femmes.
Sonja Henie : Spectacles sur glace
Après sa carrière amateur, Henie a rejoint les rangs des professionnels et a également produit des spectacles de patinage. L’un de ces spectacles, le somptueux Hollywood Ice Revue, a fait salle comble au Centre Rockefeller. Elle a aussi fait du cinéma, jouant dans plus d’une douzaine de comédies musicales aux côtés d’étoiles du cinéma comme Cesar Romero, Tyrone Power et Ethel Merman.
À titre de célébrité, Henie a fait la promotion de plusieurs produits. Elle a lancé sur le marché des patins, des vêtements et même des poupées!
Qui a été le premier patineur canadien à remporter une médaille aux Championnats du monde et également aux Jeux olympiques d’hiver?
Qui a été le premier patineur canadien à remporter une médaille aux Championnats du monde et également aux Jeux olympiques d’hiver?
Montgomery (Bud) Wilson a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques d’hiver et la médaille d’argent aux Championnats du monde de 1932. Il a été le premier Canadien à mériter une médaille d’argent pour le Canada dans les compétitions masculines des Championnats du monde.
Programme libre en patinage individuel
Les patineurs exprimaient leur personnalité en créant de nouveaux sauts et de nouvelles pirouettes qu’ils effectuaient dans leur programme libre. Les programmes étaient chorégraphiés avec de la musique et duraient cinq minutes pour les hommes et quatre minutes pour les femmes. Les patineurs les plus agiles liaient leurs mouvements les uns aux autres pour obtenir un programme plus uniforme et harmonieux. Le programme libre représentait 40% du pointage total attribué à chaque patineur.
Les patineurs masculins de niveau international
Le patineur suédois Gillis Grafström, qui était également poète, alliait son esthétique artistique à une forme athlétique puissante sur la glace. Il a perfectionné le saut Axel et a inventé la pirouette sautée assise : un mouvement difficile exigeant du patineur qu’il saute et atterrisse tout en complétant une pirouette. Au cours d’un incident assez amusant, les patins de Grafström se sont brisés alors même qu’il se trouvait sur la glace à Anvers pendant les compétitions des Jeux olympiques de 1920. Même s’il n’a pu acheter que des patins démodés pour remplacer ses patins de compétition, il s’est emparé de la victoire!
L’attitude débonnaire de l’Autrichien Karl Schäfer sur la glace faisait de lui un athlète populaire. Il a créé la pirouette vrillée, l’une des pirouettes les plus courantes en patinage. Le patineur se déplace à reculons pour gagner de la vitesse puis entame la pirouette en prenant un pas vers l’avant. Le pied libre est ramené vers le genou de la jambe d’appui et s’abaisse lentement, accélérant ainsi la pirouette au fur et à mesure que le pied descend. Schäfer est ensuite devenu entraîneur dans son Autriche natale et a créé son propre spectacle sur glace : le Schäfer Ice Show.
B. Patinage en couple
Le patinage en couple était divisé en deux formes distinctes. Certains patineurs préféraient le patinage miroir, où deux patineurs effectuaient des mouvements en symétrie, comme s’ils étaient le miroir de l’autre. D’autres croyaient que les patineurs devaient se tenir la main ou lier leurs bras pendant toute la durée de leur programme, s’inspirant de la danse de salon. Les programmes de patinage en couple duraient cinq minutes et étaient chorégraphiés au son d’une musique.
Les patineurs masculins de niveau international
Le patineur suédois Gillis Grafström, qui était également poète, alliait son esthétique artistique à une forme athlétique puissante sur la glace. Il a perfectionné le saut Axel et a inventé la pirouette sautée assise : un mouvement difficile exigeant du patineur qu’il saute et atterrisse tout en complétant une pirouette. Au cours d’un incident assez amusant, les patins de Grafström se sont brisés alors même qu’il se trouvait sur la glace à Anvers pendant les compétitions des Jeux olympiques de 1920. Même s’il n’a pu acheter que des patins démodés pour remplacer ses patins de compétition, il s’est emparé de la victoire!
L’attitude débonnaire de l’Autrichien Karl Schäfer sur la glace faisait de lui un athlète populaire. Il a créé la pirouette vrillée, l’une des pirouettes les plus courantes en patinage. Le patineur se déplace à reculons pour gagner de la vitesse puis entame la pirouette en prenant un pas vers l’avant. Le pied libre est ramené vers le genou de la jambe d’appui et s’abaisse lentement, accélérant ainsi la pirouette au fur et à mesure que le pied descend. Schäfer est ensuite devenu entraîneur dans son Autriche natale et a créé son propre spectacle sur glace : le Schäfer Ice Show.
Les couples de niveau international : Maxi Herber et Ernst Baier
Pendant les années 1930, Maxi Herber et Ernst Baier formaient le meilleur couple de patineurs allemands. Herber n’avait que 15 ans lorsque le couple a remporté sa première médaille olympique. Il s’agit du premier couple à avoir effectué un saut côte à côte sur la glace, utilisant la technique du patinage miroir.
C. Danse sur glace
De nouvelles danses apparaissaient avec chaque nouvelle saison de patinage. Pouvez-vous vous imaginer virevolter sur la glace au son d’un orchestre jouant des valses en direct? Les thés dansants et les danses sociales étaient un loisir très populaire de fin de semaine. Les éléments de danse sur glace ont rapidement fait partie des compétitions locales de patinage. Cependant, la danse sur glace n’est devenue une épreuve de compétition officielle que dans les années 1950.
Toronto devient un centre pour l’entraînement des patineurs
Les patineurs devaient pratiquer des figures et des tracés complexes pour perfectionner leurs routines. Où s’entraînaient les patineurs artistiques? Les patinoires intérieures artificielles et les patinoires extérieures naturelles étaient des endroits populaires dans les années 1920.
Il y avait souvent des désavantages à pratiquer dans ces endroits. Les patineurs artistiques devaient partager les installations avec des équipes de hockey et les adeptes du patinage de loisir. Même s’il existait un temps de glace réservé à chacun de ces sports, cela voulait dire qu’il n’y avait pas assez de temps pour pratiquer.
Trois complexes de patinage de Toronto ont donné aux patineurs le temps dont ils avaient besoin. Le Club de patinage de Toronto, le Granite Club et l’aréna Varsity étaient perçus par les patineurs comme des endroits idéaux pour s’entraîner.
Le Club de patinage de Toronto a été le premier club au Canada à offrir un endroit exclusivement réservé aux patineurs artistiques. En ayant accès à ce type d’endroit pour pratiquer, les patineurs artistiques canadiens étaient maintenant en mesure d’atteindre de nouveaux sommets.
Puisque les membres du Club pouvaient maintenant pratiquer quand ils le voulaient, de nouveaux entraîneurs ont été embauchés. Des champions canadiens comme Montgomery (Bud) Wilson, Cecil Smith et Constance Wilson-Samuel s’entraînaient avec des champions internationaux de patinage. Ils travaillaient ensemble et échangeaient leurs idées et leurs techniques.
Le patineur suisse Gustave Lussi et Wilson ont développé un nouveau saut qu’ils appelèrent le « flip ». Le célèbre patineur autrichien Walter Arian préparait les patineurs juniors à effectuer des routines élaborées pour le carnaval annuel du club. D’autres visages familiers sur la glace étaient ceux de Walter Rittberger, né en Allemagne, et du champion tchèque Otto Gold.
Gustave Lussi a ensuite déménagé à Lake Placid, dans l’État de New York. Il y a fondé une école d’été de patinage, où les meilleurs patineurs canadiens et américains pouvaient s’entraîner toute l’année.
Plusieurs patineurs canadiens prenaient part à des compétitions de patinage dans la catégorie dite des « quatre ». Cette catégorie existait uniquement au Canada et aux États-Unis. Dans cette catégorie, deux couples de patineurs exécutaient un programme libre au son d’une musique et de telle sorte à créer un effet miroir. Cette catégorie a cessé d’exister en 1949.
Qui a été le premier patineur canadien à remporter une médaille aux Championnats du monde?
Qui a été le premier patineur canadien à remporter une médaille aux Championnats du monde?
La championne féminine de patinage Cecil Eustace Smith s’est classée deuxième aux Championnats du monde de 1930. Elle a ainsi remporté la première médaille du Canada dans la catégorie femme aux Championnats du monde.
Costume
Émancipation au niveau des vêtements de patinage
La liberté enfin! Dans les années 1920, les femmes ont troqué leurs longues jupes édouardiennes pour des jupes plissées, colorées et plus courtes. La patineuse et entraîneure américaine Maribel Vinson Owen a partagé ses conseils généraux quant à la tenue vestimentaire des femmes sur la glace. Dans son ouvrage Primer of Figure Skating (Rudiments du patinage artistique), publié en 1938, elle écrit que « les grands chapeaux n’ont pas leur place sur la glace. Plus le bonnet ou le turban est ajusté, meilleure est l’apparence. En règle générale, les bloomers devraient être agencés à la jupe et devraient descendre de plusieurs pouces le long de la jambe. »
La mode a également changé chez les hommes. Pour les entraînements, les hommes portaient des pantalons plus courts appelés knickerbockers. Lors les performances, la tenue par excellence du gentleman patineur comprenait des collants noirs, des collets blancs, des cravates et des vestons. Comme l’a écrit Maribel Vinson Owen dans son livre, « pour la compétition, les collants noirs ou bleu foncé sont de rigueur ».
Le Club de patinage de Toronto ouvre la voie aux spectacles professionnels sur glace
Place au spectacle!
À partir de 1895, les bals masqués sur patins puis les carnavals sur glace sont devenus un divertissement populaire tant chez les patineurs artistiques que chez ceux qui pratiquaient ce sport par loisir. Au cours des années 1900, les carnavals du Club de patinage de Toronto ont connu un succès retentissant auprès du public nord-américain. Les carnavals se déplaçaient de ville en ville partout sur le continent!
Ces carnavals sont le précurseur des spectacles professionnels sur glace qui ont pris leur essor pendant les années 1930 et 1940. Le Club figurait à l’avant-garde de la conception et de la production de spectacles de patinage. Ces productions à thèmes étaient grandioses et comprenaient de gigantesques pièces de décors, des éclairages ultraviolets dramatiques, de la glace colorée et des costumes ornés de paillettes.
Le Club de patinage de Toronto organisait son carnaval annuel à l’Arena Gardens au cœur de la ville, plutôt qu’à la patinoire du club puisque cette dernière ne comportait pas de sièges. En 1932, le carnaval s’est ensuite déplacé au Maple Leaf Gardens pour accueillir un public plus nombreux. Les billets de ces productions se vendaient en quelques jours seulement, après quoi toute autre personne voulant assister au spectacle n’avait accès qu’à des places debout.
Des patineurs célèbres étaient invités à se joindre au carnaval. Les étoiles du patinage européen Sonja Henie, Karl Schäfer, Andrée Joly et Pierre Brunet performaient aux côtés des grands du patinage canadien Montgomery (Bud) Wilson, Constance Wilson-Samuel et Cecil Eustace Smith.
Le maître de ballet Boris Volkoff, établi à Toronto, a chorégraphié 14 saisons du carnaval du Club. Il s’est chargé de l’adaptation pour la glace des ballets du Lac des Cygnes et du Prince Igor et a ensuite adapté des pièces plus expérimentales de Rachmaninov et le Boléro de Maurice Ravel. Volkoff était en fait incapable de patiner. Des récits de son époque décrivent comment il glissait sur la glace pour donner des directives aux patineurs avec un coussin attaché aux fesses au cas où il tomberait. Volkoff est le fondateur de la compagnie de ballet Boris Volkoff, première en son genre au Canada.
De tels carnavals appuyaient des causes importantes aux yeux des Canadiens. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les retombées des carnavals contribuaient à l’effort de guerre. Le Club a également fait des dons à la Croix Rouge et est devenu le seul commanditaire des collectes de sang pendant la guerre.
Ces spectacles se sont poursuivis après la Deuxième Guerre mondiale, jusqu’en 1956.
Quel patineur a été le seul Canadien à remporter les Championnats britanniques?
Quel patineur a été le seul Canadien à remporter les Championnats britanniques?
Constance Wilson-Samuel est la seule femme canadienne à avoir remporté les Championnats britanniques en 1928. À cette époque, les patineurs du Commonwealth pouvaient prendre part aux Championnats britanniques.
Musique
Des orchestres aux disques
Les gramophones à manivelle ont commencé à être utilisés pour le patinage dans les années 1920 et 1930. On installait près de la patinoire un système de son, qui comprenait un tourne-disque (connu à l’époque sous le nom de gramophone), des amplificateurs et des haut-parleurs. La musique qui en sortait avait tendance à se déformer et se distordre, en raison des conditions prévalant sur les patinoires extérieures.
En 1911, la championne du monde Lily Kronberger de Hongrie a emmené son propre orchestre militaire à une compétition à Vienne pour l’accompagner lors de son programme libre puisqu’elle croyait que la musique avait une incidence importante sur l’interprétation de son programme. Kronberger est l’une des premières patineuses à avoir innové au niveau de l’interprétation musicale. Cela prendrait des années avant que son influence ne se fasse sentir. Les autres patineurs n’ont commencé à utiliser la musique pour créer des effets dramatiques que dans les années 1940. Dans son ouvrage de référence Ice-Skating: A History (« Histoire du patinage »), paru en 1959, Nigel Brown écrit :
« Il est étrange qu’après l’expérience de Lily Kronberger, les grands patineurs qui suivirent ne donnèrent pas à l’interprétation musicale la place importante qui lui revenait. Pendant plus de trois décennies, la musique a continué de n’être qu’à l’arrière-plan des programmes de patinage libre. »
En effet, c’est avec un accompagnement musical en direct que les patineurs dotés de connaissances musicales arrivaient à livrer des interprétations expressives de leurs programmes de patinage libre. Par exemple, dans les années 1920 jusqu’au début des années 1930, le patineur autrichien Karl Schäfer, qui était aussi violoniste, a combiné ses habiletés musicales et athlétiques pour créer des routines poétiques. À la même époque, le patineur suédois Gillis Grafström, qui était également poète, a quant à lui intégré l’interprétation musicale et l’art du costume à son style de patinage.
Les patineurs qui possédaient une formation de ballet interprétaient leurs choix musicaux avec grâce et assurance, utilisant carres, sauts et pirouettes. En fait, la norvégienne Sonja Henie a choisi comme accompagnement musical d’une de ses routines une musique de Johann Strauss, enregistrée spécialement pour elle sur un disque 78 tours en 1932 par Jack Hylton et son orchestre sous étiquette Decca en Angleterre. D’autres patineurs, tels Maxi Herber et Ernst Baier, ont suivi l’exemple de Henie.
Pendant cette période, l’interprétation musicale est devenue l’un des traits distinctifs du patinage d’interprétation.