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01.

Aperçu

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Le couple de patineurs canadiens Jamie Salé et David Pelletier et le couple de patineurs russes Elena Berezhnaya et Anton Sikharulidze patinent ensemble dans Stars on Ice, 2003. © International Merchandising Company, LLC

Les champions olympiques de patinage en couple, les Canadiens Salé et Pelletier (en costumes bleus) et les Russes Berezhnaya et Sikharulidze (en costumes turquoise), effectuent des jeux de pieds complexes, sautent et patinent d’un bout à l’autre de la patinoire. À la fin, les couples se rencontrent au centre de la patinoire, s’arrêtant juste à temps en complétant un arrêt parallèle à effet dramatique.

Transcription :

[Musique : « Sing, Sing, Sing (2e partie) » de Scott Wise et Eugene Fleming et la Fosse Orchestra, chef d’orchestre Patrick S. Brady, musique instrumentale enjouée de style jazz]

[applaudissements]

Dans les années 1990, le patinage artistique captivait 44 millions de spectateurs dans le monde entier. Les patineurs sont devenus des personnages plus grands que nature. Le drame qui se déroulait sur la glace a attiré l’attention sur le sport, alors que de nombreux scandales ont éclaté lors les compétitions durant cette période. 

La tension était vive aux Jeux olympiques d’hiver de 1988 à Calgary. Le Canadien Brian Orser et l’Américain Brian Boitano étaient tous les deux favoris pour remporter l’or. La « bataille des Brian » s’est déroulée sur la glace, alors que le public prenait son mal en patience en attendant l’issue de cette rivalité. Quelques années plus tard, en 1994, le scandale explosif entre Nancy Kerrigan et Tonya Harding a été à l’origine d’un cirque médiatique sans précédent. Ce scandale serait plus tard immortalisé dans le film Moi, Tonya (2017). Et finalement, lors des Jeux olympiques d’hiver de 2002 à Salt Lake City, les patineurs canadiens Jamie Salé et David Pelletier et le couple de patineurs russes formé par Elena Berezhnaya et Anton Sikharulidze ont été au cœur d’une controverse suscitée par le verdict des juges.

En 2000, l’Association canadienne de patinage artistique (ACPA) (Canadian Figure Skating Association en anglais) a changé son nom pour Patinage Canada, Skate Canada en anglais. Le mot qui a défini ce sport « figure » a complètement disparu du nom.

Au cours de cette période, les patineurs canadiens brillaient sur la scène internationale, décrochant l’or dans toutes les catégories à l’exception du patinage en simple féminin. Kurt Browning est le premier Canadien à avoir réussi un quadruple boucle piqué. C’est en 1988, aux Championnats du monde de Hongrie qu’il réalisa cet exploit. Browning est également le seul patineur à avoir gagné les Mondiaux avec et sans les figures imposées. Il a été couronné champion à deux reprises lorsque les figures imposées faisaient encore partie du programme de compétition (1989,1990) et deux autres fois après l’élimination de cette catégorie (1991,1993).

Le patineur Kurt Browning adopte une pose, les bras joints au-dessus de la tête, une jambe pliée et l’autre jambe allongée. Son costume est constitué d’un haut à manches courtes ainsi que de pantalons noirs ajustés. Il porte une ceinture avec de grands œillets circulaires en métal.

Kurt Browning adopte une pose aux Championnats du monde, Halifax, 1990. © Panthéon des sports canadiens

En 1990, l’Union internationale de patinage (UIP) a éliminé les restrictions relatives aux règlements régissant le statut d’amateur. Les amateurs pouvaient être payés sans perdre leur statut, ce qui signifiait qu’ils pouvaient continuer à prendre part à des compétitions. Les patineurs amateurs performaient aux côtés des patineurs professionnels et gagnaient de l’argent en participant aux spectacles sur glace.

Les patineurs sont devenus des artistes accomplis. De nouvelles tournées et émissions télévisées comme Stars on Ice et Champions on Ice ont captivé les auditoires. Les patineurs artistiques canadiens ont également mis leur talent au service de ces productions. 

MÉDAILLÉS D’OR CANADIENS SUR LA SCÈNE MONDIALE!

Brian Orser, champion du monde 1987

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Brian Orser aux Championnats du monde, Cincinnati, 1987. © Patinage Canada

Brian Orser, vêtu d’un costume noir, gris et argenté, commence en position debout et effectue une série de mouvements de pieds passant d’une pointe de patin à l’autre, puis il patine rapidement sur la glace pour exécuter un triple Lutz.

Il termine avec une combinaison de sauts composée d'un triple Axel suivi d’un boucle piqué.

L’aréna est rempli de spectateurs enthousiastes.

Transcription :

[Musique : « Main Title » par Andrew Powell et l'Orchestre Philharmonia]

[0:16 – 0:20 et 0:30 – 0:36 applaudissements]

Kurt Browning, champion du monde 1989, 1990, 1991, 1993

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Kurt Browning aux Championnats du monde, Prague, 1993. © Patinage Canada

Kurt Browning, vêtu d’un costume composé d’un veston formel noir et blanc, d’un nœud papillon noir et d’un mouchoir de poche, patine avec grâce. Il exécute un saut écarté, un jeu de pieds de virages dans une direction et puis une combinaison triple Salchow - double boucle.

Une pirouette arabesque sautée et un court tournoiement à la fin.

En arrière-plan, les spectateurs le regardent.

Transcription :

[Musique du film « Casablanca », partitions de Max Steiner, musique d’orchestre dramatique]

Elvis Stojko, champion du monde 1994, 1995, 1997

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Elvis Stojko aux Championnats du monde, Lausanne, 1997. © Patinage Canada

Elvis Stojko, vêtu d’un chandail noir ajusté à manches courtes et de brassards de cuir, effectue un quadruple boucle piqué immédiatement suivi d’un triple boucle piqué tandis que les spectateurs applaudissent en arrière-plan.

Il continue son jeu de pieds, puis effectue une pirouette arabesque sautée allongée et des jeux de pieds supplémentaires.

Transcription :

[Musique : « Dragonheart » bande sonore par Randy Edelman : musique instrumentale dramatique]

[applaudissements continus]

Que la fête des sauts commence!

Elvis Stojko tente le quadruple boucle piqué.

Oh! Triple boucle piqué! C’est le meilleur que j’aie vu!

C’était le mieux exécuté, vraiment.

Isabelle Brasseur et Lloyd Eisler, champions du monde en couple 1993

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Isabelle Brasseur et Lloyd Eisler aux Championnats du monde, Prague, 1993. © Patinage Canada

Le couple de patineurs Brasseur et Eisler, portant des costumes coordonnés blanc et bleu vif, patine à l’unisson sur la patinoire et effectue plusieurs levés et doubles Axels côte à côte.

Ils terminent avec une triple levée vrillée lancée.

L’aréna est rempli de spectateurs.

Transcription :

[Musique : « Notre Dame – Intermezzo » par l’Orchestre philharmonique de Berlin et Herbert Von Karajan]

[applaudissements]

[applaudissements]

Jamie Salé et David Pelletier, champions du monde en couple 2001, champions olympiques en couple 2002

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Jamie Salé et David Pelletier aux Championnats du monde, Vancouver, 2001. © Patinage Canada

Salé et Pelletier, couple de patineurs, vêtus de costumes bleu cendré, patinent à reculons, la main dans la main.

Ils effectuent des portés au-dessus de la tête qui sont très complexes – sans mains et avec rotations – et puis des pirouettes sautées assises complétées côte à côte et à l’unisson.

Une séquence de jeux de pieds s’ensuit, puis une spirale de la mort sur la carre intérieure.

La foule derrière eux dans les gradins les applaudit.

Transcription :

[Musique de l’opéra de Wagner « Tristan et Isolde » par Nadja Salerno-Sonnenberg]

[applaudissements continus]

Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz, champions du monde de danse sur glace 2003

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Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz aux Championnats du monde, Minneapolis, 1998. © Patinage Canada

Dans un aréna rempli de spectateurs, Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz, couple de danseurs sur glace, sont vêtus de costumes blanc et vert vif et dansent avec énergie sur la patinoire au rythme d’une musique enjouée riche en percussions.

Leurs séquences de jeux de pieds sont très complexes.

Transcription :

[Musique : Musique animée inspirée de Riverdance]

[applaudissements continus]

Fait marquant

Quelle est l’épreuve de patinage artistique qui n’a jamais été remportée par le Canada aux Jeux olympiques d’hiver ?

Fait marquant

Quelle est l’épreuve de patinage artistique qui n’a jamais été remportée par le Canada aux Jeux olympiques d’hiver ?

Le patinage en simple masculin.

02.

Bottes et lames

Les patins canadiens

John Knebli, un fabricant de bottes sur mesure, était convaincu que Brian Orser gagnerait l’or aux Olympiques de 1988. Il lui a fabriqué une paire de bottes sur mesure et a pris le soin d’insérer une pièce d’or dans le talon. Toutefois, Orser n’a pas réussi à mettre la main sur la médaille d’or convoitée, mais il a remporté l’argent. Le Canadien John Knebli a continué à fabriquer des bottes sur mesure pour les patineurs dans le monde entier jusqu’à sa mort en 1997, à l’âge de 92 ans. 

Photo de la paire de patins en cuir à lacets pour homme. Les patins noirs sont bien usés et ont été placés côte à côte.

Bottes Knebli de Brian Orser, qui sont peut-être la paire dans laquelle une pièce d’or a été insérée dans le talon. Lames Pattern 99 de John Wilson. Collection du Musée Bata de la chaussure, P96.116

L’entreprise canadienne Tournament Sports Inc. a fait l’acquisition de Donald Jackson Skate Products en 1986. L’entreprise a perpétué la tradition d’importation de bottes de la Tchécoslovaquie commencée par Jackson. En 1996, l’entreprise a ouvert une fabrique de bottes ultramoderne à Kitchener, en Ontario, où elle a commencé à développer un nouveau modèle de botte à l’aide de technologies et de matériaux nouveaux. Elle s’est procuré les lames de John Wilson et de MK Blades pour les bottes destinées aux meilleurs patineurs. 

Photo d’un patin blanc à lacets pour femme, avec un symbole en métal sur le talon de la botte.

Patin de Jamie Salé : botte Riedell avec lame Ultima Freestyle. © Panthéon des sports canadiens

En 2001, Tournament Sports a fait l’acquisition de la marque américaine Ultima Skates. Pendant cinq ou six ans, l’entreprise a utilisé les designs de lames d’Ultima Skates avant de créer les siennes. Tournament Sports a lancé assez rapidement un « ensemble complet » pour les patineurs. Ce nouveau patin présentait une combinaison de botte et de lame fabriquées à l’interne. Ces nouveaux ensembles bottes et lames ont été baptisés « Jackson Ultima ». Ce modèle est resté un des favoris chez les patineurs de compétition. En 2003, l’entreprise a commencé à utiliser la technologie Softec pour créer des bottes, ce qui a offert aux athlètes aguerris, tout comme aux patineurs de loisir, une option plus confortable en matière de bottes synthétiques.

Pour les patineurs récréatifs, l’entreprise canadienne Canstar Sports fabriquait des patins moulés. Parmi les marques commercialisées par Carnstar, on retrouvait Bauer, Lange et Daoust.

Une combinaison de marques

Le meilleur choix pour les patineurs jusque-là était les bottes faites sur mesures et des lames importées. Mais désormais, on combinait plusieurs bottes et lames de marques différentes. Au nombre des autres fabricants de bottes utilisées par les patineurs de compétition canadiens, nous retrouvons Risport (italien), Edea (italien), Harlick (américain) et WIFA (autrichien). Riedell (un fabricant américain) confectionne des patins complets (bottes et lames ensemble), tout comme l’entreprise canadienne Jackson Ultima. Deux fabricants britanniques de lames ont offert les meilleures lames aux compétiteurs : il s’agit de MK et de John Wilson.

Pendant plusieurs années, au début de sa carrière, Kurt Browning, qui est le premier patineur à avoir réussi un quadruple saut, rencontrait des difficultés avec ses bottes de patin. Browning portait des bottes signées WIFA et Harlick, deux fabricants de bottes de premier ordre; toutefois, il avait besoin de quelque chose de plus pour l’aider avec les avancées techniques qu’il réalisait sur la glace. Attila Racz, un spécialiste de l’aiguisage de patin en Alberta, a conçu une semelle intérieure personnalisée pour Browning, qui offrait un soutien plus solide au niveau de l’assise plantaire.

Photo d’un patin en cuir noir, vu de profil, avec les lacets détachés retombant sur la botte.

Patins de Kurt Browning pour les figures imposées. Browning est le seul patineur à avoir remporté deux Championnats du monde avec et deux Championnats du monde sans les figures imposées. Lame Gold Test MK, botte WIFA. Gracieuseté de Kurt Browning (Photo de Kevin Viner, Elevator, Toronto)

Photo d’un patin en cuir noir, vu de profil, avec des lacets attachés en boucle au haut de la botte.

Patins de Kurt Browning pour le programme libre. Les bottes sont de marque WIFA, équipées de lames Gold Seal. © Panthéon des sports canadiens

En 1997, Attila Racz a obtenu une licence afin de mettre sur pied la filiale canadienne de la Graf International Ltd., une entreprise suisse, ce qui lui a permis de fabriquer des patins de patinage artistique et de hockey sur glace à Calgary sous la marque Graf. Avec ses techniques et connaissances des besoins des patineurs artistiques, l’entreprise a connu le succès et il est devenu le président de la production au Canada.

La méthode de fabrication des bottes Graf combinait les techniques de confection de bottes à la main à de nouvelles technologies pour les formes et les matériaux. Graf a conçu un tissu thermique sensible à la chaleur, qui moulait la forme du pied.

Photo d’une paire de patins en cuir blanc, lacés et bien usés, vus de trois quarts.

Patins de Jamie Salé, qu’elle a portés aux Jeux olympiques de 2002 quand elle et Pelletier y ont remporté la médaille d’or. Bottes Riedell fabriquées sur mesure et lames Pattern 99 de John Wilson. Collection du Musée Bata de la chaussure, P08.23

Photo d’une paire de patins en cuir noir, à moitié lacés et bien usés, placés côte à côte.

Patins de David Pelletier, qu’il a portés aux Jeux olympiques de 2002 quand lui et Salé y ont remporté la médaille d’or. Bottes Graf fabriquées sur mesure et lames Ultima Freestyle de Jackson Ultima. Collection du Musée Bata de la chaussure, P08.24

Fait marquant

Qui sont les premiers Canadiens à avoir remporté les Championnats du monde de danse sur glace ?

Fait marquant

Qui sont les premiers Canadiens à avoir remporté les Championnats du monde de danse sur glace ?

Un jeune homme et une jeune femme portent le blouson d’Équipe Canada. Le blouson a un collet jaune avec rabat intérieur blanc. Le haut du blouson est blanc et le mot Canada y est imprimé en rouge. Le bas du blouson est rouge, traversé d’une ligne diagonale jaune.
Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz © Panthéon des sports canadiens

Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz en 2003.

03.

Mouvement

Adieu figures; bienvenue programme libre

Les figures imposées ont été éliminées des compétitions en 1990. Les patineurs en simple devaient maintenant exécuter un programme court et un programme long. Le programme court, qui comptait pour 40 % de la note finale du patineur, consistait en des éléments imposés. Le programme long pouvait être plus expérimental. Les sauts simples et les doubles sauts des années 1930, 1940 et 1950 ont évolué vers des doubles et triples sauts dans les années 1960, 1970 et 1980. Dans les années 1990, les quadruples sauts sont devenus partie intégrante du répertoire du programme libre. 

Les patineurs en couple concouraient dans des programmes courts et longs de pondération similaire. Le programme court ne durait que deux minutes et 40 secondes, mais les patineurs pouvaient élever leurs qualités artistiques et leur technique vers de nouveaux sommets. Ils exécutaient sept éléments imposés dans le programme court. Les éléments complexes incluaient les levées, les levées vrillées, des sauts individuels, ainsi que des sauts lancés, des pirouettes, des spirales de la mort et des séquences de pas. 

La danse sur glace comprenait trois composantes : la danse imposée, la danse originale et la danse libre. Les danses imposées sont devenues plus théâtrales dans les années 1970, mais dans les années 1980 et 1990, l’UIP a poussé pour un retour de la discipline à ses racines, c’est-à-dire la danse sociale. En 1988, le nombre de danses imposées en compétition est passé de trois à deux. En 2010, les danses imposées ont été éliminées.

Théâtralité sur la glace

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Kurt Browning patine au son de la trame sonore de Casablanca aux Championnats du monde à Prague, 1993. © Patinage Canada

Kurt Browning, vêtu d’un pantalon noir et d’un veston blanc court sur mesure, chemise blanche et nœud papillon noir, danse lentement et gracieusement sur la glace, imitant Humphrey Bogart dans le film « Casablanca » au son de la musique du film.

Il fait semblant de tirer une longue bouffée de sa cigarette et de la laisser tomber d’une chiquenaude.

Il interprète la musique en patinant et performant pour les spectateurs.

Transcription :

[Musique : « As Time Goes By » de Herman Hupfeld, jazz]

[applaudissements continus]

Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz sont les premiers patineurs canadiens en danse sur glace à avoir remporté une médaille d’or dans leur catégorie en 2003. Leur dynamisme et l’originalité de leur musique ont contribué à créer un spectacle extraordinaire sur la glace. 

Le chemin vers la victoire du couple de danseurs sur glace canadien comportait son lot de défi. De 1985 à 2000, les danseurs russes ont dominé cette discipline. Le jugement en bloc des pays de l’Est signifiait que le rang des patineurs était déterminé avant la compétition. Il était très difficile pour d’autres pays de gagner. Après la chute du Rideau de fer en 1989, le jugement en bloc a disparu peu à peu. Les patineurs d’autres pays ont alors commencé à gagner des médailles.

Skategate – Controverse aux Jeux olympiques de 2002

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Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz patinent au son de la musique de River Dance aux Championnats du monde à Minneapolis, 1998. © Patinage Canada

Dans un aréna rempli de spectateurs, Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz, couple de danseurs sur glace, sont vêtus de costumes blanc et vert et dansent avec énergie sur la patinoire au rythme d’une musique animée.

Transcription :

[Musique : « Riverdance » de Bill Whelan]

Shae-Lynn Bourne et Victor Kraatz sont les premiers patineurs canadiens en danse sur glace à avoir remporté une médaille d’or dans leur catégorie en 2003. Leur dynamisme et l’originalité de leur musique ont contribué à créer un spectacle extraordinaire sur la glace. 

Le chemin vers la victoire du couple de danseurs sur glace canadien comportait son lot de défi. De 1985 à 2000, les danseurs russes ont dominé cette discipline. Le jugement en bloc des pays de l’Est signifiait que le rang des patineurs était déterminé avant la compétition. Il était très difficile pour d’autres pays de gagner. Après la chute du Rideau de fer en 1989, le jugement en bloc a disparu peu à peu. Les patineurs d’autres pays ont alors commencé à gagner des médailles.

Skategate – Controverse aux Jeux olympiques de 2002

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Jamie Salé et David Pelletier patinent au son de la trame sonore de Love Story aux Championnats canadiens à Calgary, 2000. © Patinage Canada

Salé et Pelletier, couple de patineurs, vêtus de costumes noir et gris décontractés, exécutent côte à côte des triples sauts piqués.

Ils effectuent des jeux de pieds côte à côte en se tenant la main puis un porté au-dessus de la tête avec rotation en descendant.

Les spectateurs applaudissent dans les gradins.

Transcription :

[Musique : « Love Story – Titre principal, For Me Alone (Snow Frolic) » de la London Festival Orchestra (chef d’orchestre Stanley Black), compositeur : Francis Lai]

Ils se débarrassent des triples boucles piqués dès le début.

Oh, oui, très bien!

[applaudissements]

Le couple composé de Jamie Salé et David Pelletier a patiné sur la bande sonore du film Love Story. C’est Marijane Stong qui a conçu les costumes gris monochromes du couple. Le public a adoré leur performance créative et lyrique.

Les patineurs russes Elena Berezhnaya et Anton Sikharulidze ont exécuté un programme exquis sur la pièce Méditation du compositeur français Jules Massenet.

Même si les deux couples ont réalisé les meilleures performances de leur catégorie, la note finale de Salé et Pelletier était plus basse. Leurs résultats ont choqué les commentateurs, les officiels et le public en général. Leur performance avait été aussi bonne que celle du couple russe. Le système de jugement était-il biaisé en faveur de la Russie? Était-il corrompu? Le résultat final fixé d’avance? Ce scandale a pris le nom de « Skategate ».

Après une enquête de l’Union internationale de patinage (UIP), le couple canadien a reçu la médaille d’or, une victoire qu’il partage avec le couple russe.

La controverse a mis en lumière la nécessité d’un changement dans la façon de juger ce sport.

L’entourage

À mesure que le patinage devenait plus complexe et que les patineurs ressentaient la nécessité de perfectionner leur art, leur présentation et leur jeu d’acteur en plus de leurs techniques de patinage, le besoin de plus d’entraîneurs, de chorégraphes et de spécialistes se faisait sentir. La plupart des patineurs de compétition avaient leur propre entraîneur qui faisait également office de chorégraphe, mais comme la chorégraphie faisait de plus en plus partie intégrante du patinage, les spécialistes étaient de plus en plus recherchés. Un chorégraphe pouvait désormais faire une carrière en ne créant que des programmes de patinage.

De nombreux patineurs canadiens ont fait leur marque dans le domaine de la chorégraphie. Lori Nichol a chorégraphié des programmes pour la championne du monde Michelle Kwan. Sandra Bezic et Sarah Kawahara ont toutes deux remporté des prix Emmys pour leurs chorégraphies de patinage. La carrière artistique de David Wilson a pris naissance dans la chorégraphie dans les années 1990. 

Les chorégraphes choisissaient la musique et concevaient des programmes pour les patineurs de compétition. Parfois, ils aidaient également à concevoir les costumes des patineurs.

Les entraîneurs pouvaient alors se consacrer exclusivement au patinage et à la technique.

Au tournant du 21e siècle, les patineurs de compétition pouvaient compter sur un entourage complet de professionnels. Ils participaient à des cours de danse et de musculation hors glace, rencontraient des médecins et des psychologues du sport et travaillaient sur leurs programmes avec des chorégraphes.

Spectacles sur glace à la télévision

Katerina Witt

La championne de patinage artistique Katerina Witt est l’une des athlètes féminines les plus décorées dans son sport depuis Sonja Henie. Elle a mis à profit ses capacités théâtrales pour créer une performance exubérante et sous le signe de la séduction sur la musique de Carmen de Bizet. Elle a su ravir le public avec une performance dramatique. Par la suite, elle a participé à des spectacles sur glace et des émissions télévisées spéciales. Elle a également fait quelques apparitions dans des films et programmes télévisés. 

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Katarina Witt patine au son de la musique de Carmen, de Bizet, aux Championnats du monde à Budapest, 1988. © Patinage Canada

Katarina Witt patine dans un costume noir et rouge à froufrous, complétant des jeux de pieds et une combinaison triple flip – double flip, suivie d’un triple Salchow. La musique est d’inspiration espagnole et les percussions sont ponctuées de castagnettes. L’aréna est rempli de spectateurs. Transcription : [Musique : « Carmen Suite : II. Danse » de George Bizet, interprété par l’Orchestre du Théâtre Bolchoï, chef d’orchestre Gennady Rozhdestvensky] [applaudissements continus]

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Tous les patineurs de Stars on Ice effectuent un numéro de groupe, 2003. © International Merchandising Company, LLC

Un groupe d’hommes, en costumes noirs, et de femmes, en costumes roses, patinent avec énergie sur la glace sous des projecteurs roses et jaunes qui illuminent l’aréna.

Certains des mouvements, tels les portés au-dessus de la tête, sont effectués en couple, mais la plupart des mouvements sont effectués en formations de groupe.

Transcription :

[Musique : « I Can’t Stop » de Will Smith, musique contemporaine et enjouée]

[applaudissements continus]

De nombreux patineurs sont apparus sur les écrans de télévision partout dans le monde dans des émissions spéciales. Brian Orser et Katerina Witt ont participé à une représentation télévisée de Carmen, filmée en Espagne. Elvis Stojko et Kurt Browning se sont produits ensemble dans des émissions spéciales à la télévision tout au long des années 1990.

Le patineur américain Scott Hamilton a fondé la tournée Stars on Ice en 1986. Ce spectacle a également été présenté à la télévision. L’édition canadienne du spectacle Stars on Ice a été créée en 1991. Elle a non seulement été télédiffusée, mais a également fait l’objet de tournées partout au Canada. Des patineurs internationaux ont pris part à ce spectacle. Stars on Ice a attiré un large public, et les cotes d’écoute à la télévision ont grimpé en flèche.

Isabelle et Paul Duchesnay

Isabelle Duchesnay et son frère Paul étaient connus pour leurs performances artistiques et avant-gardistes. Leur style non conventionnel ne rentrait pas dans le moule de la danse sur glace canadienne, et ils ont été critiqués au Canada. Ils ont alors décidé de mettre à profit leur double citoyenneté et de représenter la France. 

Le couple a par la suite obtenu une victoire pour la France aux Championnats du monde de 1991 avec des programmes dont la chorégraphie a été montée par Christopher Dean, un innovateur dans ce domaine. Le Canada devra attendre 2003 pour enfin décrocher une médaille d’or, grâce à Bourne et Kraatz. 

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Isabelle et Paul Duchesnay patinent aux Championnats du monde de 1988 à Budapest. © Patinage Canada

Le couple de danseurs Isabelle et Paul Duchesnay est habillé dans le style latin, elle dans une robe sans manches avec un ourlet asymétrique et un gant au-dessus du coude, et lui dans une veste rayée et une cravate en soie blanche. Ils exécutent une danse de tango dramatique tandis que le public applaudit dans les gradins. Transcription : [Musique : Style tango argentin] [applaudissements]
Page couverture gris clair avec texte en blanc. Kurt sourit, les bras baissés en direction de sa jambe droite qui s’allonge vers l’extérieur. Il porte une chemise de satin brun ample, rentrée dans un pantalon noir luisant.

Page couverture du programme de Stars on Ice, avec Kurt Browning, 2000. © International Merchandising Company, LLC

Page couverture gris clair, montrant côte à côte le portrait, de la taille à la tête, de trois des patineurs vedettes. À gauche, Kurt porte un chandail noir à manches courtes; au milieu, Scott porte un haut argenté à bordures noires; à droite, Brian porte une veste à paillettes sur une chemise noire.

Page couverture du programme de Stars on Ice, avec Kurt Browning, Scott Hamilton et Brian Orser, 2001. © International Merchandising Company, LLC

Fait marquant

Quand et où les dernières « figures imposées » ont-elles été présentées en compétition?

Fait marquant

Quand et où les dernières « figures imposées » ont-elles été présentées en compétition?

Les dernières figures imposées ont été présentées aux Championnats du monde à Halifax, Nouvelle-Écosse. L’année 1990 a marqué la fin des « figures imposées ». 

04.

Costume

Couleurs, créativité et audace

Les costumes des femmes et des hommes devenaient de plus en plus audacieux et tape-à-l’œil. 

Au cours des décennies précédentes, les femmes portaient de modestes robes à manches longues. Elles ont commencé à porter des robes sans manches en maille avec des découpes. Elles se sont également mises à porter des collants de couleur foncée et des vêtements une pièce, comme leurs homologues masculins. Les hommes pour leur part ont commencé à porter des costumes scintillants. Le patineur russe Evgeni Plushenko portait des gants foncés et des tenues en lamé or et argent. Chaque costume mettait en valeur l’individualité du patineur.

En 1988, Marijane Stong a rompu avec la tradition. Elle a conçu un costume pour la patineuse en danse sur glace Tracy Wilson avec un legging fuseau noir au lieu des collants de patinage de couleur chair. C’était un nouveau look qui choquait.

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Tracy Wilson et Robert McCall patinent aux Championnats du monde à Budapest, 1988. © Patinage Canada

Tracy Wilson et Rob McCall, couple de danseurs sur glace, vêtus de costumes noir, blanc et mauve, performent une routine dynamique dans le style d’une boîte à musique pleine de mouvements inhabituels et inattendus, dans un aréna rempli de spectateurs.

Wilson porte des leggings noirs.

Transcription :

[applaudissements]

[musique d’orchestre dynamique dans le style d’une boîte à musique]

Les entraîneurs et chorégraphes canadiens ont souvent choisi des designers, tailleurs et couturiers canadiens pour créer les costumes de leurs patineurs. Lorsqu’il s’entraînait à Edmonton, le design des costumes de Kurt Browning était fait par Allison Yardley-Jones. Basée à Calgary, cette dernière voyageait à Edmonton pour les séances d’essayage.

Croquis d’un homme en patins, se tenant sur la pointe de la jambe gauche, avec la jambe droite repliée, le pied droit appuyé sur le genou gauche. Le croquis du costume montre un habit une pièce ajusté, sans manches, de couleur bleu royal. Le collet est en forme de V et possède deux tons de couleur vert-de-gris. Les manches turquoise sont bouffantes et fluides. Au bas du croquis, on retrouve les mots « Kurt Browning » et la signature de la designer.

Croquis d’un costume de Kurt Browning par Allison Yardley Jones. Gracieuseté de Allison Yardley Jones.

Croquis d’un homme debout sur la jambe droite, regardant à gauche. La jambe gauche est allongée derrière lui. Le costume ajusté est de couleur bleu royal, avec des torsades noires et mauves sur les manches et le haut du corps. Les jambes du pantalon recouvrent le dessus des patins. Au bas du croquis, on retrouve les mots « Kurt Browning » et la signature de la designer.

Croquis d’un costume de Kurt Browning par Allison Yardley Jones. Gracieuseté de Allison Yardley Jones.

La demande pour les vêtements de patinage était alors suffisamment élevée pour qu’on les vende en magasin. Les patineurs pouvaient donc acheter des tenues d’entraînement et de compétition dans les boutiques spécialisées.

Costume rouge une pièce pour homme, d’inspiration militaire. Le col relevé et les épaulettes sont ornés de bordures dorées et de motifs à paillettes. Une courroie en bandoulière traverse la poitrine. Des sangles au bas de chaque jambe de pantalon s’attachent sous la botte de chaque patin.

Costume rouge avec broderies dorées de Brian Orser, porté aux Championnats du monde et aux Jeux olympiques de 1988. © Panthéon des sports canadiens

Kurt Browning – Le sens du spectacle

Haut de costume dans le style d’un veston de soirée, de couleur coquille d’œuf, avec deux boutons ronds de métal à la taille. La chemise de couleur bleu royal sous le veston possède un simili-col roulé. Les pantalons plissés noirs ont des jambes bouffantes. Des sangles noires au bas de chaque jambe de pantalon s’attachent sous la botte de chaque patin.

Costume de Kurt Browning, inspiré du film Casablanca, porté aux Championnats canadiens à Hamilton, 1993. © Patinage Canada

Kurt Browning a porté la première version du costume de Casablanca aux Championnats canadiens de 1993. Browning pensait que cette tenue n’évoquait pas l’ambiance de Casablanca. Il voulait que le look de son costume reflète le personnage de Rick Blaine interprété par Humphry Bogart dans le film. La veste blanche et la chemise bleue originales ont laissé leur place à une veste blanche, une chemise blanche et un nœud papillon noir. Plus tard, au cours de la même année, Browning a patiné avec le nouveau costume qui évoquait mieux, selon lui, le personnage et le look de Rick dans Casablanca et a ainsi remporté les Championnats du monde de 1993.

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Kurt Browning patine au son de la trame sonore du film Casablanca aux Championnats du monde à Prague, 1993. © Patinage Canada

Kurt Browning, vêtu d’un costume composé d’un veston formel noir et blanc, d’un nœud papillon noir et d’un mouchoir de poche, patine avec grâce. Il exécute un saut écarté, un jeu de pieds de virages dans une direction et puis une combinaison triple Salchow - double boucle.

Une pirouette arabesque sautée et un court tournoiement à la fin.

En arrière-plan, les spectateurs le regardent.

Transcription :

[Musique du film « Casablanca », partitions de Max Steiner, musique d’orchestre dramatique]

Quelques années avant que le scandale Kerrigan-Harding capte l’attention du monde entier, les designers de mode ont commencé à créer des costumes sur mesure pour quelques patineurs de haut niveau. Vera Wang, Ralph Lauren et Christian Lacroix ont transformé les patinoires en estrades de défilés de mode, alors que les compétitions télévisées rejoignaient un vaste public. Plusieurs grands champions américains et européens ont fait confectionner leurs costumes par ces designers.

Les progrès réalisés dans la conception des costumes ont contribué à améliorer la capacité d’interprétation dramatique et artistique des patineurs sur la glace, augmentant ainsi leur degré de rapprochement avec le public.

05.

Musique

Le paysage musical

Carmen de Bizet et Le Lac des cygnes de Tchaikovsky restent de grands favoris, mais les patineurs utilisaient de moins en moins de la musique classique. Les chorégraphes et les patineurs utilisaient les trames sonores de film et faisaient des choix de plus en plus expérimentaux en matière de musique. La synthèse de la chorégraphie, des costumes et de la musique a donné lieu à des performances plus théâtrales.

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Katarina Witt patine au son de la musique de Carmen, de Bizet, aux Championnats du monde à Budapest, 1988. © Patinage Canada

Katarina Witt patine dans un costume noir et rouge à froufrous, au son d’une musique espagnole alors que les spectateurs dans les gradins tapent des mains au rythme de la musique.

Transcription :

[Musique : « Carmen Suite : V. Entrée de Carmen et Habanera » de George Bizet, interprété par l’Orchestre du Théâtre Bolchoï]

[applaudissements]

Les patineurs en simple et en couple étaient encore quelque peu limités dans leurs choix de musique. Depuis 1997, avec l’approbation de l’UIP, les danseurs sur glace peuvent exécuter leurs routines sur de la musique avec des paroles. Les autres patineurs n’avaient pas encore le droit de le faire. 

Les patineurs en simple et en couple n’ont pas été en mesure d’utiliser de la musique avec des paroles avant 2014. Il est intéressant de noter qu’aux Jeux olympiques d’hiver de 1988 à Calgary, Kurt Browning a patiné sur la chanson « Tequila » de The Champs. Même si le mot « tequila » a été prononcé plusieurs fois pendant la chanson, aucun juge ni aucun commentateur n’a attiré l’attention sur ce mot et cela n’a entraîné aucune pénalité pour Browning.

Browning était en quelque sorte un innovateur sur le plan musical. La plupart du temps, il choisissait sa propre musique, utilisant des morceaux de Phil Collins et même de la drag queen Divine. Il mixait lui-même la musique de ses programmes, les enregistrant sur des cassettes. 

Les cassettes ont rapidement remplacé les disques vinyle. La portabilité des cassettes et des lecteurs de cassettes signifiait que les patineurs et les entraîneurs pouvaient apporter leur musique aux entraînements et utiliser parfois un lecteur de cassettes au niveau de la glace même plutôt que le système de haut-parleurs de l’édifice.

Ces deux décennies ont également vu l’avènement du CD et de la production musicale numérique. Les CD pouvaient contenir plus d’information et un plus grand nombre de morceaux de musique dans un format très compact.